En raison de la Journée Internationale de la Femme, le 8 mars, nous avons interviewvé deux membres de la Chambre Officielle de Commerce d'Espagne au Sénégal et nous leur avons posées de différentes questions sur leur trajectoire professionnelle et sur le fait d'être femmes entrepreneuses dans un pays comme le Sénégal.
Cathy Suárez est directrice de RIM Sénégal, une entreprise de gestion immobilière avec plus de 40 ans de présence dans le pays. Elle est née au Sénégal et elle a commencé à travailler dans l'entreprise familiale dans les années 90.
Elle a dû se forger une façade de force pour se faire respecter
Elle affirme qu'être femme et entrepreneuse au Sénégal a été "compliqué, surtout au début". Elle a dû se forger une façade de force pour se faire respecter, mais une fois que ses collègues de travail ont vu son professionnalisme et ses connaissances dans le secteur, elle n'a plus eu de grandes difficultés. Elle ajoute qu'en étant la fille et la petite-fille des propriétaires de l'entreprise, elle a dû faire un travail assidu pour prouver que si elle était à la tête de l'entreprise, c'était vraiment parce qu'elle en était capable. RIM Sénégal est une entreprise qui emploie une grande majorité de femmes.
Matilde Sánchez, CEO de Alyso Consulting, est arrivée au Sénégal en 2005 dans le cadre d'un stage. En 2006, Alyso, son entreprise, est créée, et elle passe plusieurs années entre le Sénégal et l'Espagne jusqu'à se rendre compte que, afin d'être pleinement efficace, elle devait avoir une présence permanente dans le pays. Finalement, en 2012, son bureau se déplace à Dakar.
À la question les difficultés d'être femme et entrepreneuse, elle répond qu'elle a eu la chance de travailler dans un domaine qui la passionne et qu'elle n'a pas eu à affronter de difficultés "importantes" du fait d'être une femme. Elle mentionne qu'il y a des différences culturelles et linguistiques qui, au début, peuvent rendre le travail plus difficile, mais qui, après un certain temps ne le font plus ou le font dans une moindre mesure. En plus, elle considère que cela dépend beaucoup du type d'entreprise et du secteur en cause, “Une entreprise de services a moins de complications que gérer une usine avec des centaines d'ouvriers, par exemple”. Matilde raconte que ce n'est pas toujours facile et que malgré les moments difficiles, il faut rappeler que l'important pour pouvoir continuer à se développer est de ne pas désespérer, de s'entourer de personnes qui ont envie de travailler et de continuer d'avancer vers les objectifs. Et ne pas oublier que tout sert pour apprendre et surtout les propres erreurs.
Cathy Suárez n'hésite pas à nous partager que si elle devait donner un conseil à une jeune femme qui souhiaterait entreprendre au Sénégal, elle lui dirait que: "il faut toujours continuer à apprendre, à se former, à avoir des objectifs à court, moyen et long terme et ne pas douter d'elle-même, mais apprendre de ses erreurs”
"Le début n'est jamais simple, mais rien n'est impossible. Il faut se fixer des objectifs et les poursuivre."
De son côté, Matilde recommanderait qu'avant de faire le pas, elle analyse bien le projet qu'elle souhaite entreprendre et qu'elle recueille le plus d'information possible. Il est important qu'elle sollicite du conseil et de l'appui aux entités basées dans le pays, telles que la Chambre Officielle de Commerce d'Espagne au Sénégal (CAMACOES Sénégal), le Bureau Commercial et les entreprises privées qui aient de l'expérience et qui puissent lui offrir du conseil. "Le début n'est jamais simple, mais rien n'est impossible. Il faut se fixer des objectifs et les poursuivre. Alors, la patience, l'effort, le travail, la persévérance et l'enthousiasme nous aideront à les accomplir. Et si on ne réussit pas au premier essai, on réussira au deuxième, l'essentiel est d'essayer et de dépasser les doutes.”
L'Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie (ANSD) montre dans son enquête du quatrième trimestre de 2019 que le taux d'emploi entre les hommes et les femmes continue d'être très inégal dans le pays. Le chômage affecte plus les femmes, 27,6%, contre 8,6% dans le cas des hommes. Pourtant, il est important de souligner que le Sénégal a le plus de femmes entrepreneuses actives dans la région de l'Afrique de l'Ouest, 36,8% contre 5,9% en Afrique Subsaharienne. Selon ces statistiques, 62,9% des femmes ont créé une entreprise, parce qu'elles ont profité d'une opportunité plutôt que parce qu'elles aient eu un besoin de le faire (GEM 2017).
Par exemple, au Sénégal on a passé du 90% des entreprises manufacturières dirigées par des hommes en 2006 à ce qu'en 2016 un tiers de ces entreprises soient dirigées par des femmes (ANSD 2017).
Il s'agit uniquement de quelques données pour montrer que le changement et possible et tangible, mais c'est le début d'un long chemin où il faut continuer à travailler pour arriver à l'égalité totale.
La Chambre Officielle de Commerce d'Espagne au Sénégal est fière de compter parmi ses membres à des professionnelles telles que Matilde et Cathy.